Oréade
De tes vagues sombres, froide nuit sans lune,
Surgissent, mugissants, des démons déchaînés,
Eveillés au hasard d’ancestrales runes,
Secrètes diseuses d’avenirs dessinés.
L'océan se vautre, sous les cieux embrasés.
L'oréade alanguie, souveraine amante,
Sur son lit de corail, gît, le corps apaisé,
Féconde des embruns de la marée montante.
Falaises de granit, l'augure se déroule.
Penchez vos fronts chenus sur l'onde qui gronde.
Ecoutez, à vos pieds, aux heurts de la houle,
Les clameurs et soupirs des nymphes vagabondes.
Aux replis du couchant, leurs crinières flamboient
Et dansent sur les crêtes, éclaboussant d'écume,
Les astres assoupis. Les marins aux abois
Veillent en silence et se noient dans la brume.